Chat obèse

Chat obèse ou en surpoids

Par , vétérinaire
Dr Célia Emin
CéliaLe Dr Célia Emin est une vétérinaire accomplie qui possède plus de 10 ans d'expérience dans le soin, l'éducation et le bien-être des animaux.

En France, un tiers des chats sont en surpoids. Sédentarité, friandises, alimentation très voire trop riche : les composantes de cette problématique sont multiples, et elles ont tendance à devenir néfastes avec les nouveaux modes de vie de nos compagnons à 4 pattes. En effet, si auparavant nos chats vivaient essentiellement en extérieur, passant le gros de leur temps à chasser et explorer, ils sont aujourd’hui de plus en plus nombreux à évoluer dans des surfaces de petites tailles, avec peu d’occasions de se dépenser. Considérés comme des membres de la famille à part entière, ils sont de plus chouchoutés et ont souvent droit à de nombreuses friandises, qui aggravent encore ce problème de surpoids. Et cette évolution a de réels effets néfastes sur la santé de nos petits protégés.

Il n’est pas toujours facile d’évaluer la corpulence de son propre animal. Bien souvent, nous sommes habitués à l’image du chat en surpoids : dans la croyance populaire, cet embonpoint est synonyme de bonne santé, voire de caractère plus doux, plus câlin.

Chat en surpoids
Garfield, un célèbre chat obèse

Inconsciemment, nous recherchons souvent le cliché du gros matou, tout en rondeurs : cela nous rappelle les représentations véhiculées par les films ou les dessins animés. Ainsi, notre évaluation est souvent biaisée lorsque nous regardons notre ami félin de plus près.

Pourtant, le processus de perte de poids ne peut réellement se mettre en place que si nous sommes conscients du problème. Il est donc important de savoir si notre chat est en surpoids ou non, et jusqu’à quel poids corporel il convient de le faire aller.

Comment savoir si j’ai un chat obèse ou en surpoids ?

On considère que l’on a un chat en surpoids lorsque son poids adulte dépasse de 10% la valeur du poids idéal, pour lequel la masse grasse représente 20% de la masse corporelle, et la masse maigre – muscles, os et eau – 80%. A partir de 20% d’excès de poids, on parle d’obésité.

Mais quel est ce poids idéal ? En général, un chat adulte européen normalement constitué pèse entre 3,5 et 4,5 kilos, mais les sujets les plus costauds peuvent atteindre 5 à 5,5 kilos. En outre, ces chiffres ne concernent pas les chats de race : des fourchettes de poids précises existent pour chacune d’entre elles.

Il n’est donc pas si simple d’évaluer le poids de forme de son chat ! Grâce à un examen rapide, votre vétérinaire peut vous aider à le déterminer précisément. Autrement, il existe des critères qui peuvent vous permettre de savoir si vous avez un chat en surpoids. En effet, votre compagnon est trop gros si :

vous n’arrivez pas à distinguer sa taille en le regardant du dessus ;
la largeur de son ventre dépasse celle de ses cuisses ;
en le regardant de profil, vous ne voyez pas le ventre remonter au niveau de la taille ;
il présente une poche graisseuse plus ou moins proéminente sous le ventre.

Si un ou plusieurs de ces critères se vérifient : votre chat est en surpoids !

Par ailleurs, si vous avez des difficultés à sentir ses côtes lorsque vous le palpez, c’est que cette surcharge pondérale est conséquente, et il est probable qu’il souffre d’obésité. Normalement, vous ne devez avoir qu’une épaisseur de 1 petit centimètre de peau/gras au-dessus de ses côtes. Au-delà, c’est trop !

Chat en surpoids : quels sont les risques ?

Un chat en surpoids voit son espérance de vie diminuer de manière significative. En effet, plusieurs études ont montré qu’un chat obèse perd en moyenne deux ans de durée de vie.

Il a aussi un risque accru de développer des soucis de santé : diabète de type 2, pathologies urinaires, problèmes récurrents de peau, ou encore maladies cardiovasculaires. Par ailleurs, la prise de poids augmente la pression sur les articulations, ce qui favorise le risque d’arthrose. Cette affection des cartilages est douloureuse et va limiter la mobilité de l’animal, ce qui aggrave davantage la prise pondérale. Ainsi, même s’il atteint un âge avancé, un chat obèse ou en surpoids ne vieillira pas dans de bonnes conditions. Il nécessitera peut-être des rendez-vous réguliers chez le vétérinaire et/ou un traitement à vie !

J’ai un chat obèse ou en surpoids, il a donc :
  • 4 fois plus de risque de développer un diabète ;
  • 4 à 5 fois plus de risque de subir des cystites à répétition ou de souffrir de calculs urinaires ;
  • 3 fois plus de risque de présenter des problèmes de peau (comme des allergies par exemple) ;
  • 5 fois plus de risque de souffrir d’arthose.

Enfin, si on doit l’opérer, le risque anesthésique est aussi augmenté : les arrêts cardio-respiratoires sont beaucoup plus fréquents chez un chat en surpoids.

Surpoids et obésité du chat : comment le faire maigrir ?

Il est difficile de vous donner une méthode universelle, qui marcherait à tous les coups, car chaque chat est différent. Néanmoins, voici quelques pistes qui se montreront probablement efficaces :

Choisir des croquettes pour chat hypocaloriques et hyperprotéiques

Pour faire maigrir un chat en surpoids, il faut en priorité réduire le nombre de calories qu’il ingère quotidiennement. Mais attention, il est dangereux de diminuer le volume de sa ration en gardant son aliment habituel, car dans ce cas la restriction énergétique s’accompagne d’un déficit protéique susceptible d’entraîner une perte de la masse maigre (muscles et viscères). Il faut plutôt opter pour des croquettes hypocaloriques et hyperprotéiques ; elles permettront de réduire les apports caloriques, tout en continuant à satisfaire les besoins en protéines, sans diminuer le volume de la ration (et ainsi éviter la frustration liée à la sensation de faim).
Pour savoir quelles croquettes pour chat sont les plus adaptées, vous pouvez vous fier à 2 indicateurs : la densité énergétique, et le rapport protido-calorique (RPC). La densité énergétique indique la quantité de calories contenues dans 1 kg de croquettes. Visez 3200 kcal/kg, ou moins. Au-delà, vous aurez du mal à faire maigrir votre chat obèse ou en surpoids. Quant au RPC, il permet de vérifier qu’un aliment apporte suffisamment de protéines pour satisfaire les besoins de nos chères (bou)boules de poils, en fonction de leur profil. Le RPC des croquettes doit être ≥ 87 g/Mcal pour les chats stérilisés ou sédentaires, et ≥ 104 g/Mcal pour les animaux qui sont à la fois stérilisés et sédentaires.

Ajoutez de la nourriture humide dans la ration journalière

Les aliments humides (mousses et pâtées pour chat, sachets fraicheur, etc.) sont 3 fois moins caloriques que les croquettes, car il sont composés à 70% d’eau (contre 10% pour les croquettes) ! Avec un repas de nourriture humide, on augmente le volume de la ration – l’animal sera rassasié plus facilement – tout en restreignant les calories, ce qui facilite la perte pondérale.
Il reste important de choisir la meilleure nourriture humide pour chat possible, pour s’assurer d’apporter toutes les protéines nécessaires au maintien de la masse musculaire et viscérale. Il faut donc privilégier les aliments riches en produits carnés de bonne qualité (viande et abats), et éviter les produits qui présentent une forte teneur en glucides et en lipides.
Initiez votre chat aux dés de courgettes.
Dans la continuité de l’introduction de la nourriture humide, il est possible de changer les habitudes alimentaires de votre compagnon à quatre pattes en lui proposant de temps en temps de repas de courgettes. Contre toute attente, certains chats apprécient beaucoup ce légume, lorsqu’il est cuit et coupé en petits dés. Pauvre en glucides, lipides et riche en eau, la courgette peut ainsi vous aider à caler l’appétit de votre animal, pour diminuer ses apports énergétiques sans le frustrer.

Utilisez une gamelle anti-glouton

Gamelle anti-glouton chat
Il existe des gamelles ludiques qui forceront votre chat obèse ou en surpoids à avoir une attitude active pour accéder à sa nourriture. En France, on les appelle des gamelles anti-glouton pour chat. Mais en anglais, elles portent le nom de food puzzles (puzzles alimentaires). Concrètement, il faut parvenir à interagir de la bonne façon avec la gamelle pour accéder aux croquettes.
En plus de rendre votre animal plus actif et de stimuler son instinct de chasseur – ce qui est bénéfique pour son bien-être – l’utilisation de ce type de dispositifs limite la vitesse d’ingestion des croquettes et favorise les petits repas. L’idéal est d’avoir différents types de gamelles anti-gloutons et de les disposer dans plusieurs endroits de votre logement, pour que votre chat prenne l’habitude d’explorer et de chercher pour les trouver.
Faites faire une activité physique régulière à votre animal
Ce n’est un secret pour personne : pour maigrir, il faut réduire ses apports caloriques, tout en augmentant ses dépenses énergétiques. Ce qui est valable pour nous l’est aussi pour nos amis félins ! Pour favoriser la perte de poids d’un chat, il ne faut donc pas oublier de lui faire faire de l’exercice. Soit en jouant avec lui, soit en lui procurant des jeux : balles et jeux automatiques, roue d’exercice pour chat, etc. Et si votre compagnon vit exclusivement en intérieur, il est important de rajouter des éléments dans votre habitation qui lui permettront de sauter, déambuler, se cacher… Cela peut être des petites places laissées vides sur des étagères ou des meubles, par exemple, ou des plateformes fixées au mur spécialement ajoutées pour lui. Ou encore un arbre à chat. Plus son environnement sera riche, plus votre animal sera actif et brûlera des calories.
Pesez régulièrement votre chat en surpoids
Des pesées régulières – toutes les 3 à 6 semaines – vous permettront de faire une courbe de poids, et de visualiser plus facilement l’évolution de ce dernier. Si la perte de poids est minime mais régulière, tout va bien ! Il faut continuer les efforts. Dans tous les cas, une perte de poids s’organise sur 6 à 18 mois…

Vous avez tout essayé et rien ne fait perdre du poids à votre chat ?

Avis vétérinaire
Un petit tour chez le vétérinaire s’impose ! Il vérifiera que votre animal n’héberge pas de maladie sous-jacente. Une atteinte cardiaque, des douleurs articulaires ou un diabète peuvent, par exemple, le rendre plus sédentaire et augmenter sa charge pondérale.
Il pourra aussi faire le point sur les conditions de vie de votre loulou et vous donner des conseils précis, adaptés à votre situation.